Ma bestiole

Par Katherine

Depuis quelque temps, je sentais un poids immense grossir sur mes épaules. Une sale bestiole que je trainais depuis trop longtemps et que j’arrivais à « gérer », mais là elle prenait de l’ampleur. Tellement, qu’elle me faisait de l’ombre. Mon acolyte, lui, l’a vue grossir bien avant moi et tentait par tous les moyens de me faire prendre conscience de la situation. Avec tout son amour et respect, il m’a promis son support en m’offrant sa main. Il m’a laissé vivre mon expérience.

J’adore avoir de la visite. J’aime que l’énergie change systématiquement dès que mes invités entrent dans la pièce. La vague d’amour qui s’échange est plus forte que tout.  Cette fois- là, par contre, j’attendais mes invités et je voulais pleurer.

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Je suis là à compter les heures avant que nos invités arrivent. Pour une première fois depuis que nous sommes si loin des nôtres, je suis heureuse d’avoir une grande distance entre nos bercails. Il me reste 9 heures à changer mon énergie, 9 heures à refaire mes énergies, 9 heures à être impeccable.  Puis, nos invités que nous adorons arrivent. Les enfants sont si heureux. Je vois cette belle vague d’amour arriver chez moi, je me sens reconnaissante qu’ils viennent passer du bon temps avec nous. Mon énergie se refera avec eux, je me dis.

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Puis, ce qui devait arriver arriva. La bestiole prit le dessus. Je suis incapable de suivre la conversation, les mots vont trop vite, ma tête ne suit pas la cadence. Je n’enchaîne pas les services lors du souper, je suis figée sur place à me chercher. Confuse, je me rattrape comme je peux avec humour comme à l’habitude. Je dis des mots qui ne font pas de sens dans la conversation.  Je passe une nuit de plus à écouter la maisonnée ronronner. J’ai l’impression qu’on me joue un bien mauvais coup et je voudrais bien que tout arrête de tourner frénétiquement.

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Le lendemain matin, je peine à regarder mes invités dans les yeux, pas prête à admettre que ma bestiole m’a gobé tout rond. Tout ce que je veux  finalement, c’est qu’ils restent, j’ai besoin d’eux.  Je ne saurai le dire. Le lendemain ils partiront.

Lundi suivant – j’arrive au bureau avec les meilleures intentions. Prête à servir mes clients et aider mon équipe à la hauteur de mes capacités. Après tout… j’ai, moi aussi, ronronnée 5 heures la nuit précédente! Maximum d’heures que j’arrive à enfiler depuis quelques semaines.

Puis tout recommence. Ma bestiole fait valoir sa présence …maux de cœur, tournis, je n’entends plus  les bruits ambiants du bureau, je suis complètement lunatique lors de l’appel quotidien avec ma collègue que j’adore. Et que dire de cette lourdeur dans mes yeux, sur mes épaules, sur mes poumons.

Je n’arrive plus à performer.

Mon être entier bourdonne.

Cet inconfort global doit arrêter.

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L’arrêt de travail est inévitable.

On me dit que mon essoufflement s’estompera avec du « self-care ». Oui, je suis bien d’accord je dois prendre soin de moi. Je me prends donc un rendez-vous chez la coiffeuse dans les jours qui suivent. Et tant qu’à avoir du temps aussi bien faire du rattrapage sur le lavage, changer les rideaux, organiser ma chambre et la garde-robe de l’entrée. Après tout, prendre soin de ma maison m’a toujours fait du bien.  Je cours encore après ma queue. J’ai la tête dans l’organisation, la planification, la terminaison de tout ce qui passe dans mon esprit.

Dès qu’on me dit que je dois prendre soin de moi, je suis persuadée de le faire déjà. Après tout, j’ai pris 2 heures chez la coiffeuse! C’est alors que je comprends que j’étais à côté de mes bottines…

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Je suis soudainement assommée d’une grande fatigue. J’ai l’impression que la fatigue me sort par les pores de peau. Elle est partout, si franche, harcelante par moments. Je décide de ne plus lui résister, je l’embrasserai dorénavant. Finalement, le sommeil m’enveloppe dès qu’il le peut, ma tête est au repos et je sens  mon corps récupérer de tous les coups encaissés.

À chaque réveil je suis là pour vrai, depuis longtemps je n’étais plus. Je recommence également à rêver. Je ne me souvenais plus comment rêver paisiblement. Je comprends que ma bestiole, elle, s’endort à son tour et son ombre disparaît un peu plus à tous mes réveils. Je prends la décision de ne plus prendre de décision et de simplement être pour quelque temps.

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Le véritable changement a commencé à ce moment. C’est évident que je ne comprenais pas ce qu’était le « self-care ».

Prendre soin de moi n’était pas d’aller changer de tête ou me faire faire un pédicure! Non, je devais renouer avec mon cœur, mon âme et mon être.

Tranquillement, je redécouvre la magie de mes enfants. J’embrasse leur spontanéité, les matins doux à leur faire des crêpes alors que notre forêt dort encore. Je me laisse bercer par l’amour entre mon mari et moi, je la chéris.

Je renoue tranquillement avec mes racines créatives et je me permets de rêver à nouveau. Je me reconnecte à moi comme je ne l’ai jamais fait dans ma vie. Je me permets d’essayer des nouvelles expériences et même d’échouer! Je laisse mes ailes se déployer, mon énergie voguer et ma créativité s’épanouir.

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Qu’est- ce qui est arrivé à ma bestiole, vous vous demandez? Elle est toujours là mais j’ai compris qu’elle n’est ni moche ni une menace. En effet, elle est  ma petite fée qui me guette afin que je ne me perde plus.

Katherine*

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